Ce fut en 1894 que commença la guerre en Extrême-Orient, lorsque le Japon et la Chine se disputèrent la Corée. La victoire des troupes du Mikado amenèrent ces dernières aux portes de Pekin, et la Chine demanda la paix. 10 ans plus tard, le Japon était devenu une puissance considérable dans la région. Mais la Russie y avait alors deux bases: Vladivostok et Port-Arthur, ce dernier site étant également revendiqué par le Japon en vertu du traité de Shimonseki de 1895. Suite à un incident frontalier futile, le Japon attaqua sans préavis le 8 février 1904 la flotte russe de Port-Arthur. Après plusieurs engagements malheureux au cours desquels la flotte russe perdit de nombreux navires dont le navire-amiral Petropavlovsk, le restant de cette malheureuse flotte fut complètement anéanti par l'Amiral Togo au cours du combat décisif du 10 août.<br>Le Tsar ordonna alors la constitution immédiate en Baltique d'une seconde escadre du Pacifique, placée sous le commandement du contre-amiral Rozhestventsky. Ce dernier appareilla le 15 octobre 1904 avec des équipages de fortune peu entraînés et un mélange hétéroclite de bâtiments soit trop vieux, soit neufs mais n'ayant pas eu le temps de procéder à leurs essais en mer. Tous les ports intermédiaires étant fermés à la flotte russe par décision de l'Amirauté britannique hostile à la Russie, le ravitaillement en charbon devait être fourni par 70 navires charbonniers affrétés par la Hamburg-Amerika Line, et ce ravitaillement devait se faire en haute mer et assuré à dos d'homme par les marins russes. La mer Rouge plus ou moins contrôlée par les Britanniques étant considérée comme dangereuse, et propice à une attaque de torpilleurs japonais, l'Amiral décida de scinder sa flotte en deux, une partie empruntant le canal de Suez et la mer Rouge sous la direction de Folkersam, le reste faisant le tour de l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance. Les deux flottes devaient se retrouver à l'ile Ste-Marie, sur la côte Est de Madagascar. Les deux flottes progressèrent dans des conditions épouvantables, en proie à des avaries continuelles, des difficultés de ravitaillement considérables, et des conditions de vie d'une dureté effrayante pour des hommes qui étaient souvent de simples moujiks aucunement habitués aux rigueurs de la vie en mer, incapables de faire face aux multiples défaillances techniques d'un matériel souvent obsolète. Après 6 mois de mer dans ces conditions abominables, les deux flottes regroupées se présentèrent dans le détroit de Corée, pour rejoindre Port-Arthur au fond du golfe. Par mesure de sécurité, l'Amiral avait donné l'ordre de naviguer tous feux éteints, les côtes japonaises étant proches. Tous feux éteints, sauf un: le navire hôpital qui conformément aux lois de la mer resta éclairé. Ce navire attira l'attention de l'amiral Togo et l'engagement qui s'ensuivit fut fatal à la seconde escadre qui fut totalement détruite. Si loin pour mourir, après 6 mois de mer dans des conditions éprouvantes, pour 4545 malheureux marins russes, disparus dans la bataille. Et dont même l'Empire soviétique qui survint après continua à célébrer pendant 70 ans le courage et l'abnégation.